Avec V. :
La semaine dernière, nouvelle
pension, nouvel environnement, pour le plus grand bonheur de tout le monde.
Adieu la vie en troupeau de 2, les tensions et l’herbe rase, bonjour la vie en
troupeau, dans une atmosphère cool, détendue, agréable.
Le lieu est vraiment
charmant, le monsieur qui tient cette pension est très agréable, c’est un papy gâteau
avec ses chevaux, son passe temps favoris c’est de les lâcher dans la propriété
et de s’assoir à l’ombre en sirotant un jus de fruit au milieu de ses chevaux..
L’endroit parfait pour cette
jument craintive, un peu inquiète et qui a besoin de découvrir et de s’habituer
au monde extérieur.
Quand je suis arrivée
mercredi dernier, la miss était lâchée, elle se baladait gaiement, très agréable
de la voir comme ça, elle jouait avec ce qu’elle trouvait, a même tenté un peu
de touch it avec les pieds sur le tracteur.
Le « viens » est
100% acquis en lib, ça c’est cool, parce que c’était pas gagné au début.
Donc pour cette fois là, c’était
travail de la mise du licol. Comme souvent, j’ai d’abord demandé à sa proprio
de me montrer comment ça se passe d’habitude, sans intervenir, juste en
observant attentivement. Première réaction, dès que la longe s’approche de son
encolure, la jument se tend, redresse l’encolure. Elle se laisse plus ou moins
mettre le licol, mais encore une fois c’est le lui prendre, elle ne donne pas.
Donc on reprend tout ça. D’abord,
la longe qui passe par-dessus l’encolure. Ça ça doit être du 100% acquis, pas
une jument qui se tend, râle ou s’inquiète. Donc on travail là-dessus jusqu’à
avoir une jument qui ne réagit plus, zen et en accord avec le mouvement. On
fait des pauses en la laissant vaquer, on la rappelle, passage de la longe,
niquel. On fait ça plusieurs fois en renforçant +++.
Puis le licol, je lui
propose, attend qu’elle s’y intéresse, qu’elle pose son nez dessus
(renforcement +++), lui passe sur le nez, clic=>carottes, on fait ça un
moment. Puis on passe la lanière, puis on attache, bref pas à pas en renforçant
au max.
On la laisse à nouveau vaquer,
puis rappel, remise du licol, etc.. Jusque ça soit du 100% acquis avec une
jument qui vient d’elle-même, qui baisse le nez dans le licol, qui nous laisse
le mettre en restant zen et totalement d’accord, c’est parfait.
Direction la carrière. Le « viens »
est toujours bien acquis, sans problèmes. Là c’est un peu de « découverte »
de la carrière. Sa
proprio l’emmène dans tous les coins, V. est très connectée c’est super
agréable ! Du coup je décide de jouer un peu à la cible, ça me semble pas
mal dans le cadre de l’habituation, pour lui apprendre par la suite à poser son
nez sur tout ce qui est nouveau. J’explique bien le concept, et on y va. Très
rapidement elle comprend et tends même son nez pour aller au contact, c’est
agréable !! Au tour de sa proprio de tenter, niquel.
Puisqu’elle avait proposé des choses avec ses pieds auparavant (avec le tracteur) on tente le tapis de sol.
Moins évident, elle comprend assez vite ce qu’on attend, mais ça semble lui coûter. On patiente, on attend qu’elle le donne d’elle-même, on ne la brusque pas, elle le contourne pas mal de fois. Puis son pied fini par le toucher accidentellement, clic--> carotte, on n’insiste pas plus.
Bilan très bon donc pour
cette séance : mise au licol ok, cible ok, tapis de sol entrevu.
Hier, autre séance avec la nénette. Je voulais qu’on
retravaille « l’attrapage » au pré (différent contexte puisque avec
les potes etc). Première constatation, le « viens» est niquel. C’est fou
quand on voit qu’il y a peu de temps encore, la jument s’enfuyait à notre
arrivée.. ! Donc on renforce +++. Passage de la longe au dessus de l’encolure
= ok ! Mise du licol, très bien ! Elle apprend vite cette toute belle !
On décide de travailler un
peu dans le pré, pour dé-contexctualiser les choses. Donc un peu de viens, d’immobilité.
La nénette commence à s’agiter, il y a des mouches qui l’ennuient, elle ne
comprend pas pourquoi on ne sort pas du pré, ses potes sont à l’autre bout,
bref elle s’agite. Du coup je travaille sur la décontraction, je lui demande le
nez en bas avec l’indicateur visuel du doigt, ça marche bien, R+++, et très
vite, je sens ses muscles se détendre, elle se calme, se pose, et on peut
repartir sur notre travail. Donc immobilité, ça commence à venir. Je refais le
jeu de la caresser partout en allant vers son arrière main, elle tient son immobilité
(même si ses oreilles trahissent son irrésistible envie de se retourner vers
moi).
Je félicite beaucoup.
Puis sa
proprio me raconte qu’elle a eu quelques soucis pour prendre les pieds (surtout
les postérieurs), après la venue chaotique du maréchal récemment, la jument a même
tenté de shooter sa proprio qui depuis appréhende.
Alors je décide de reprendre
les bases. Je demande à sa proprio de prendre un antérieur, pour voir le
contexte de la chose. Elle
le donne très bien mais on sent que c’est pas avec plaisir, elle se tends,
pince ses lèvres, couche les oreilles.. Bon, on va reprendre.Je repars donc sur la base de la base, en lui demandant juste de lever le pied en touchant sous le boulet. Dès qu’elle lève, clic R+.
Elle finit par anticiper alors j’ajoute une difficulté : rester immobile jusqu’à ce que je touche le point de code. Elle comprend vite.
On tente le postérieur, un peu plus dur, elle est dans la fuite. Mais on arrive quand même à quelque chose.
Après ça, on décide de travailler la douche comme on avait convenu la fois d’avant. Sa proprio m’avait expliqué que la jument avait peur de l’eau, et du tuyau, que ça se passait mal, et qu’elle voulait pouvoir la doucher un peu par cette chaleur, ça lui ferait du bien de temps en temps.
Donc c’est parti, je décortique la chose, on commence par le « tuyau jaune » gros monstre qui fait pepeur. Juste en lui présentant, en l’attendant, en n’allant pas plus loin, j’obtiens qu’elle pose son nez dessus en.. allez.. 10 secondes tout au plus !! Très fière d’elle ! Elle joue rapidement à la cible avec le tuyau, vient poser son nez dessus dès qu’elle a fini sa carotte en bouche, c’est marrant !! Je la touche gentiment sur l’encolure avec, un peu l’épaule.. Dès qu’elle s’inquiète un peu, son réflexe est de tourner la tête pour poser son nez dessus, je félicite grandement.
Je ne vais pas plus loin pour
l’instant. L’avant mains c’est déjà super, on verra le reste du corps plus tard !
Deuxième phase donc : l’eau.
Elle est un peu réticente au niveau de l’eau, quand il y a un peu d’eau par
terre elle la regarde inquiète. Donc première chose, je pose le tuyau sur le
robinet et je laisse couler un peu l’eau. Je lui demande « viens » en
direction du monstre, elle s’approche gentiment.
Ensuite, je prends le tuyau
qui coule (doucement) et je lui présente comme tout à l’heure. En moins d’une
minute, elle pose son nez dessus ! R+++ et on répète la chose plusieurs
fois. Elle fini par baisser le nez vers l’eau qui coule, à toucher l’eau avec
son nez, vraiment parfait !!On arrête donc là, c’est déjà très très bien, en moins de deux minutes elle touche le tuyau jaune, je peux lui toucher tête, encolure, épaule avec, et puis elle touche le tuyau qui coule, passe son nez sous l’eau, c’est déjà vraiment super.. Pour une jument paniquée de l’eau !!!
Bilan super positif donc pour
le travail avec elle.
Par contre, un truc qui me plait moins bien, son ancienne proprio avait selon ses dires « travaillé en éthologie » avec elle avant. Je n’en tenais pas cas au départ parce que ça veut tout dire et rien dire. Seulement ça se précise, je pense très franchement qu’elle a fait du parellooth ou des méthodes en découlant. Et notamment le jeu du cercle dont elle a du user et abuser.. Au moindre code corporel inconscient, la jument se met à jouer les tourniquets, et le seul moyen de la reconnecter à nous c’est de désengager les postérieurs (heureusement juste au regard) et de l’aspirer à nouveau.. C’est super pénible parce qu’en plus on voit bien que le conditionnement est très fort, elle se met en mode mono-neurone et tourne, tourne, tourne sans réfléchir, quoi qu’on fasse, tant qu’on a pas codé le désengagement..
Par contre, un truc qui me plait moins bien, son ancienne proprio avait selon ses dires « travaillé en éthologie » avec elle avant. Je n’en tenais pas cas au départ parce que ça veut tout dire et rien dire. Seulement ça se précise, je pense très franchement qu’elle a fait du parellooth ou des méthodes en découlant. Et notamment le jeu du cercle dont elle a du user et abuser.. Au moindre code corporel inconscient, la jument se met à jouer les tourniquets, et le seul moyen de la reconnecter à nous c’est de désengager les postérieurs (heureusement juste au regard) et de l’aspirer à nouveau.. C’est super pénible parce qu’en plus on voit bien que le conditionnement est très fort, elle se met en mode mono-neurone et tourne, tourne, tourne sans réfléchir, quoi qu’on fasse, tant qu’on a pas codé le désengagement..
Quand je vois ça, ça me peine
un peu.. Ce qui est dommage, c’est que toutes ces méthodes là (Parelli, la Cense et compagnie) peuvent être de bonnes méthodes, adaptées à certains
chevaux/contextes/personnes etc.. Quand bien utilisés.. Mais j’ai l’impression
que beaucoup beaucoup de monde qui se lance dans ces méthodes, ont tendance à
mal saisir les choses et font au final peut être plus de mal que de bien.
C’est du conditionnement pur,
à méthodologie renforcement soustractif (je préfère ce terme plutôt que « négatif »,
je me suis rendue compte que ça connotait forcément négativement la chose dans
la tête des gens, négatif=mauvais dans nos tête, et on a vraiment du mal à se
défaire de cette impression.. !). Le souci c’est que conditionner, c’est
bien, savoir ce qu’on conditionne comme comportement, et pourquoi, c’est autre
chose..
Ainsi, j’ai l’impression que trop de personnes
se lancent sans saisir tous les concepts, toutes les idées de ces méthodes,
sans comprendre exactement les comportements qu’ils conditionnent ni pourquoi. Le
jeu du cercle, j’ai l’impression que c’est très très courant les chevaux qui
semblent « lobotomisés » avec ça et qui se mettent en mode
tourniquets pour un rien..
Et ça, clairement, je pense que c’est lié soit au fait que les gens le commencent trop tôt, ils n’ont pas encore une communication claire avec leur cheval, ne maitrisent pas forcément bien les chosent et du coup ça prends du temps, ça chasse beaucoup, et les chevaux en bouffent et en bouffent du cercle, soit les personnes ne comprennent pas le but de ce jeu (obtenir un cheval autonome) et conditionnent vraiment le « tu avances tant que je ne t’ai pas donné la permission d’arrêter ».. du coup ça fait des chevaux qui en ont mangé du cercle, du cercle, et encore du cercle et qui sont très fortement conditionnées dessus.
Pour peu qu’il s’agisse d’un cheval sensible, comme V. avec des codes très subtils mis en place et c’est fini, on se retrouve avec un tourniquet.
Avec U. :
Gros travail sur la politesse
(et notamment autour de la friandise).. Très impatient, grognon, il s’ennuie très vite,
s’agace d’un rien et est très impoli (coups de têtes si on est sur son chemin
etc..).
Donc gros travail à faire de ce côté-là. Déjà important à garder en ligne de mire : du rythme ! Il faut que ça bouge, que ça change, ne pas rester sur un même exo, ne pas rester immobile trop longtemps au risque qu’il s’ennuie.
Ensuite le travail de politesse autour de la friandise encore et toujours.
Donc on a encore pas mal travaillé la statue (bien acquis), la main dans le sac, la main papillon, la main de la tentation (très frustré le loulou là ! Il était relativement agacé de ne pas avoir sa friandise quand il le voulait, mais je pense que c’est un bon exercice pour lui, pour lui apprendre à être poli)..
C’est là qu’on voit au final que tout n’est pas noir ou blanc.. Parce qu’au final, nous qui recherchons la motivation et non la résignation en renforcement positif, ici, avec cet exo, on est clairement dans la résignation et le concept de la « punition négative » prend tout son sens. Il est clairement « puni » de son impolitesse par la soustraction de quelque chose (la friandise) « tu es impoli, tu ne te calmes pas donc tu n’as pas ta friandise ».. et je me demande si derrière ça le renforcement positif ne serait pas plus puissant ? « voilà, tu as repris ton calme tu as le droit à ta friandise », lui qui a tant voulu sa friandise est-ce qu’elle n’en est pas d’autant plus savoureuse et renforce plus ?
À creuser, je pense que je vais pas mal refaire cet exo avec lui pour qu’il se calme.
Je comprends maintenant toutes les explications et les recommandations d’Hélène avec comment donner la friandise de manière à ce que le cheval puisse pas nous chopper la main au passage etc.. Sur le coup, ça m’avait paru un peu « trop », parce que je n’avais pas encore été confrontée à un cheval vraiment impoli et impatient.. Du coup je trouvais que c’était quand même beaucoup de précautions et de réflexions là où je n’en ressentait pas le besoin.. Au final, tout prend son sens avec le travail de ce cheval là, et ses conseils me sont précieux et instructifs.. !!
Sinon, une petite réflexion
sur le clicker de manière générale :
Maintenant que j’ai un peu
plus d’heures de vol dans les pattes, à force de pratiquer, je commence à me
poser réellement la question : est-ce que le clic joue vraiment un rôle de
marqueur ?
Je n’en suis plus si sûre. En
fait, dans le travail au clicker (le vrai objet ou tout autre code) on
conditionne l’animal à clic=bonbon. Une fois que ce conditionnement est suffisamment
renforcé, pour le cheval, le bruit « clic » est synonyme d’une
friandise. Ça c’est un fait, j’en suis totalement convaincue à force de l’observer.
D’ailleurs la jument V.
parfois quand on clic, on a presque l’impression qu’elle a déjà eu sa
récompense, le clic lui-même est récompense, et la met dans un sentiment très
confortable semble-t-il.
Cependant, nous utilisons le
clicker en se disant, quand je clic, je pointe le comportement désiré en lui
disant « c’est ce comportement qui t’amène une friandise ».. Seulement
je n’en suis pas si sûre, du moins j’ai l’impression que c’est beaucoup plus
subtil que ça, beaucoup moins simpliste.
En fait, je crois que le « clic »
met le cheval dans un sentiment de confort, il se sent bien, c’est agréable, et
vu que les chevaux retiennent et apprenne beaucoup (si ce n’est presque
exclusivement) par les émotions (et non par les contextes) effectivement ils
associent à priori ce qu’ils étaient entrain de faire avec quelque chose de
très agréable et donc on est dans le renforcement positif pur et dur. Rendre des
comportements/situation agréables. Et je pense que c’est ça qui agit dans leur
mémoire et ça qu’ils retiennent : « quand j’ai fait ça, c’était
agréable ».
Mais par contre, le point qui
me semble moins évident c’est le « j’ai fais ça, donc c’est devenu
agréable, donc je vais tenter de le reproduire ».. Ce raisonnement là, je
n’en suis pas sûre du tout.. J’ai plutôt l’impression qu’ils associent une
situation à quelque chose de confortable ou quelque chose à fuir dans un
premier temps, et que grâce à ça on pourra leur demander de nous le redonner ou
non, et que plus on demande, plus ils comprennent ce qu’on veut, plus il nous
le donnent, et plus on renforce derrière, plus ils voient que c’est cool de
faire ça, et plus ils sont heureux de le donner..
Je ne sais pas si je suis
claire, mais je trouve qu’il y a une subtilité intéressante dans le contexte de
l’apprentissage.. Et je ne suis pas sûre que notre « marqueur » en
soit un réellement, mais plutôt un « distributeur de confort » dans
des situations données ?? Plus je travail avec, plus j’observe les
chevaux, et plus cette impression se renforce..
J’en parlerais avec HR quand je la reverrais et que j’aurais plus d’heures de vol dans les pattes, mais cette question m’intéresse beaucoup..
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