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mercredi 31 juillet 2013

La désensibilisation






Plus j'avance, et plus mon avis se profile sur pas mal de choses.

Je m'éloigne petit à petit des méthodes connues, prends du recul, analyse sous un autre angle, et souvent j'en viens à remettre en question les bons fondements de ce qu'on nous enseigne.

Plus ça va, et plus je pense que les méthodes type Parelli, la Cense and co sont essentiellement des méthodes qui sont là pour satisfaire l'humain.
L'idée est d'avoir de bons résultats, vite, de bonnes idées, de grandes théories pour séduire. Mais j'ai de plus en plus l'impression assez désagréable que le discourt ne colle pas aux faits.. et ça me chagrine un peu.

Dans ces méthodes, on prône le partenariat, le respect du cheval, la recherche de choses douces et naturelles, l'anti-résignation.
Et au final, j'ai l'impression que c'est tout l'inverse. Plus je regarde de vidéos (sans le son et les jolies paroles) des différents protagonistes, plus ça me fait tiqué et plus ça va à l'encontre de mes valeurs éthiques. On y vois de manière totalement courante et habituelle des chevaux bananes en arrière, qu'on presse, bouscule, secoue au lieu de les attendre. Et clairement, je le dis, je le pense, pour moi les méthodes Parelli et la Cense sont clairement basées sur la résignation du cheval. je dirais même que c'est le fondement des méthodes. On augmente la pression/sollicitation jusqu'à ce qu'on obtienne la réponse et quoi qu'il advienne le cheval DOIT nous donner la réponse.. Même si il faut en venir à des méthodes hors éthique..

Bon, je ne diabolise pas ces méthodes pour autant, elles fond leurs preuves quand bien utilisée, j'aime pas mal de choses dans les raisonnement de Pat, certains jeux/exos sont intéressants à explorer, et puis il y a toujours moyens d'utiliser ces méthodes avec parcimonie. Donc je ne jette pas la pierre ni ne me détourne totalement de ces méthodes, cependant, force est de constater qu'elles me conviennent de moins en moins et qu'elles ne sont pas raccord avec mes valeurs et mes envies.


Prenons la désensibilisation telle qu'elle nous est enseignée depuis toujours par la plupart des diffuseurs de méthodes dites "éthologiques".
L'idée est de présenter un objet vers le cheval plus ou moins progressivement, en prenant plus ou moins en compte le point de fuite (selon les méthodes) et en gros, de le résigner à une idée simple : "tant que tu fuis, le monstre te suivras, si tu ne réagis pas, le monstre te laissera tranquille".

Je ne sais pas trop par quel bout commencer pour exprimer mes idées et observations là dessus..

Tout d'abord, pour moi, le principale problème dans tout ça est rarement l'objet que l'on présente, mais la manière dont on le fait. On arrive face au cheval de manière inhabituelle, avec un comportement étrange, on lui présente un nouvel objet qu'on voudrait pouvoir passer sur tout son corps, secouer au dessus de lui (et bien souvent hors champs de vision), en prenant rarement le temps de lui présenter réellement bref. Pour moi c'est ce comportement totalement inhabituel et complètement pas naturel qui pose le plus gros du souci.

Je préfère de très très loin le système d'habituation dont nous parle Hélène.

Pour moi, la désensibilisation version "classique" n'est rien d'autre que l'imposition d'un objet. On force le cheval à se résigner à accepter sa présence. Il n'a aucun moyen de le fuir, et plus il fuit, plus l'étau se ressert, et l'objet ne disparait pas.

Je trouve ça violent émotionnellement parlant et totalement contre nature. Il suffit d'observer un cheval surpris par un nouvel objet dans son milieu naturel pour comprendre qu'on a tout faux.
Dans un premier temps, le cheval prends la fuite, jusqu'à se retrouver à une distance qu'il juge sécuritaire par rapport au monstre. Ensuite, quand la distance est établie, il s'arrête, se retourne vers l'objet, prends le temps de se remettre de ses émotions, de réfléchir et de s’assurer que le monstre ne surgit pas. Puis, quand il se sent suffisamment en confiance, il amorce une approche, une exploration, s'arrêtant si il a peur, reculant parfois, mais si l'objet reste inerte il finira par s'approcher suffisamment pour venir le sentir, et enfin, poser son nez dessus et découvrir l'objet de la peur.

Autant dire qu'en poursuivant nos chevaux avec nos sacs en plastique et compagnie, on a tout faux.

Moi maintenant, je procède comme ça :

La première chose à faire et qui fait la base de tout selon moi, c'est d'être naturel. De ne pas présenter un monstres à là "attention regardes le truc qui fait peur!!" mais bien de présenter sous la forme de jeu un nouvel objet et surtout, surtout, susciter l'intérêt du cheval pour l'objet. On cherche beaucoup trop à éliminer la crainte, pas assez à rendre l'objet intéressant, amusant, agréable, marrant.

Ce qui prime avant tout et le lieu de toutes mes attentions avant tout le reste c'est le nez du cheval. C'est le plus important, c'est ce que je veux obtenir à long terme, que dès qu'un objet l'inquiète il ait le réflexe d'aller poser son nez dessus pour sentir, toucher, découvrir.
Et, quand on prends le temps, c'est tellement rapide et simple d'avoir un cheval qui par curiosité va poser son nez dessus.
Et puis lui laisser le temps d'inspecter, à sa guise, autant qu'il en a besoin l'objet.

Une fois qu'il me montre qu'il est assuré que l'objet ne constitue pas un danger, je peux éventuellement m'approcher gentiment de diverses parties de son corps avec l'objet en question (par exemple dans le cadre d'un tuyau pour l'habituer à être douché plus tard).
Évidemment, je respecte ses réticences et m'arrête dès qu'il se tend ou montre des signes de craintes. Si c'est le cas, je retournes vers son nez pour le laisser inspecter à nouveau l'objet et s'assurer qu'il ne présente pas de danger.


Ensuite, pour moi, avoir des trucs et des machins qui tournicotent au dessus du cheval ne rime à rien. On est pile poil hors champ de vision du cheval et le faire sans y réfléchir d'avantage est pour moi inutile, et pourquoi pas dommageable..

Évidemment, on peut avoir des objectifs de travail tel que l'habituation à un future cavalier "là haut" ou éventuellement dans le cadre de l'habituation à diverses choses qui peuvent se tramer sur son dos (enlèvement d'un manteau, gesticulades etc..) mais dans ce cas, on est dans le cadre d'une habituation spécifique dont il faut avoir conscience et où on a des objectifs précis. Encore une fois, faire tournoyer divers objets au dessus du cheval sans autre but que de la "désensibilisation", pour moi c'est inutile voir néfaste.

Deux choses sont donc à prendre en compte si on veut travailler dans l'optique de "là haut". Premièrement, le passage d'objet du champ visuel vers le hors champ et vis versa, deuxièmement, les bruits et mouvement au dessus de lui hors champs visuel.

Pour ça, j’insiste généralement le cheval à tourner la tête, et à ne pas hésiter à venir regarder, se tordre un peu pour voir ce qu'il se passe jusqu'à être assuré que sa sécurité n'est pas mise en péril.

Et puis encore une fois, l'idée n'est pas d'attaquer le cheval avec des objets/bruits inquiétants et indélicats. un peu de douceur que diable.

Donc en douceur, je travail le passe hors champ/dans le champ de vision, gentiment, sans le surprendre (qui reviendrait à le trahir pour certains chevaux).. Une fois que je peux passer des objets de différentes tailles, formes, couleurs, je commence à émettre des mouvement, des bruits avec les objets en question. Mais toujours en douceur, c'est vraiment primordiale.

Si le cheval se tend, on arrête, on lui remontre l'objet jusqu'à ce qu'il soit rassuré, et puis on reprend gentiment.


Une chose importante à comprendre, c'est qu'on travail clairement sur LE point primordial, le tout premier tout en haut des choses importantes et vitales pour le cheval, sa sécurité.
À nous de lui montrer à chaque instant qu'on ne la remet pas en cause, à nous de faire en sorte qu'il ne se sente pas en danger.

Comment apprendre à un cheval qu'un objet ne fait pas peur si on ne respecte pas les besoins de sécurité du cheval au moment de le lui présenter??

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